Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/106

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cées, laissa son travail, qu’il ne fut pas permis à Pierre de regarder. Ils allèrent à la fenêtre et contemplèrent le soir sur les champs tristes et les collines boisées. Les forêts violettes formaient un hémicycle sur le ciel vert poudré d’une poussière d’or pâle. Un peu de l’âme de Puvis de Chavannes flottait. Une simple parole de Luce montra qu’elle savait lire cette secrète harmonie. Il s’en étonna presque. Elle n’en fut pas froissée, et dit qu’on pouvait sentir ce qu’on n’était pas capable d’exprimer. Si elle peignait bien mal, ce n’était pas sa faute tout à fait. Par une économie peut-être mal entendue, elle n’avait pas achevé son instruction aux Arts Décoratifs. D’ailleurs, la pauvreté seule l’avait conduite à peindre. Pourquoi peindre sans besoin ? Et Pierre ne trouvait-il pas que