Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/107

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presque tous ceux qui font de l’art le font sans vraie nécessité, par vanité, pour s’occuper, ou bien parce qu’ils croient d’abord en avoir besoin, et ne veulent plus ensuite convenir qu’ils se sont trompés ? On ne devrait être artiste que lorsqu’on ne peut absolument pas garder pour soi ce que l’on sent, lorsqu’on en a trop. Mais elle, disait Luce, en avait juste assez pour un. Elle reprit :

— Non, pour deux.

(Parce qu’il faisait la moue.)

Les belles teintes d’or du ciel se brunissaient. La plaine déserte revêtait un masque désolé. Pierre demanda à Luce si elle n’avait pas peur, dans cette solitude.

— Non.

— Lorsque vous rentrez tard ?