Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/119

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depuis la première minute où il était entré dans la maison de Luce, les moindres inflexions de sa voix et de ses gestes, les images successives que le regard avait hâtivement happées, — une ombre des paupières, une onde d’émotion qui passait sous la peau, comme un frisson sur l’eau, un sourire affleurant aux lèvres, comme un rayon, et sa paume appuyée, couchée contre la douceur nue des deux mains étendues, — ces précieux fragments, que tâchait de rejoindre en une étreinte unique la fantaisie magique de l’amour. Il ne permettait pas que les bruits du dehors entrassent. Le dehors lui était un visiteur importun… La guerre ? Je sais, je sais. Elle est là ? Qu’elle attende !… Et la guerre attendait à la porte, patiente. Elle savait qu’elle aurait son tour.