Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/118

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Elle se rappela à eux, cette nuit. Ils étaient déjà couchés (ils donnaient tant de leur cœur dans ces journées que, quand le soir venait, ils étaient épuisés). Ils entendirent l’alarme, chacun dans son quartier, et refusèrent de se lever. Ils s’enfoncèrent la tête dans leur lit, sous leurs draps, comme un enfant, pendant l’orage, — non pas du tout par peur (ils étaient sûrs que rien ne pouvait leur arriver), — pour rêver. Luce, dans la nuit, écoutant l’air gronder, pensait :

— Ce serait bon, dans ses bras, d’entendre passer l’orage !

Pierre se bouchait les oreilles. Que rien ne troublât ses pensées ! Il s’obstinait à retrouver sur le clavier du souvenir le chant de la journée, le fil mélodieux des heures,