Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/130

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cupait plus de lui. Comme il était changé ! Les parents, qui le voyaient tous les jours, n’avaient rien remarqué ; mais les yeux pénétrants et, par surcroît, jaloux, de Philippe, après quelques mois d’absence, ne retrouvaient plus l’expression connue. Pierre avait l’air heureux, langoureux, étourdi, engourdi, indifférent aux gens, inattentif aux choses, flottant dans une atmosphère de rêve voluptueux, comme une jeune fille. Et Philippe sentit qu’il n’était plus rien dans la pensée du petit frère.

Comme il n’était pas moins expert à s’analyser qu’à observer les autres, il eut vite fait de prendre conscience de son dépit et de s’en moquer. L’amour-propre mis de côté, il s’intéressa à Pierre et chercha le secret de sa métamorphose. Il eût bien voulu