Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/141

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lacèrent. À la lueur de l’éclair, ils avaient vu leurs yeux d’amour et d’épouvante. Et, dans la nuit retombée, la voix de Luce suppliait :

— Non ! Je ne veux pas encore !…

Et Pierre sentit sur ses lèvres les lèvres et les dents passionnées. Ils restèrent palpitants dans le noir de la rue. À quelques pas, au milieu des décombres du fiacre éventré, des hommes sortis des maisons relevaient le cocher moribond ; ils passèrent tout près d’eux, avec le malheureux dont le sang s’égouttait. Luce et Pierre demeuraient pétrifiés, si étroitement serrés que, lorsque la conscience se ranima en eux, il leur sembla que leurs corps étaient nus sous l’étreinte. Ils desserrèrent leurs mains et leurs lèvres incrustées qui, comme des racines, buvaient