Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/179

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recoudre, comme ces pauvres chevaux, quand ils sont éventrés aux courses de taureaux, afin qu’ils puissent servir à la prochaine échauffourée. Nous sommes des êtres inutiles, dangereux, qui ont la prétention ridicule, criminelle, de ne vivre que pour aimer ceux que nous aimons, mon petit amoureux, mes amis, les bonnes gens et les petits enfants, la bonne lumière du jour, aussi le bon pain blanc, et tout ce qui est beau et bon à me mettre sous la dent. C’est honteux, c’est honteux ! Rougis pour moi, Pierrot !… Mais nous serons bien punis ! Il n’y aura pas de place pour nous dans l’usine d’État, sans repos et sans trêve, que sera bientôt la terre… Heureusement que nous ne serons plus là !

— Oui, quel bonheur ! dit Pierre…