Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Nous nous sommes trompés de station, nous sommes descendus trop tôt.

— J’ai peur, dit Pierre, que la station suivante n’eût été encore pire. Nous vois-tu, ma chérie, dans la société de l’avenir, la ruche qu’on nous promet, où nul n’aura plus le droit de vivre que pour la reine-abeille, ou pour la république ?

— Pondre du matin au soir, comme une mitrailleuse, ou, du matin au soir, lécher les œufs des autres… Merci du choix ! dit Luce.

— Oh ! Luce, petite vilaine, comme tu parles laid ! dit Pierre qui riait.

— Oui, c’est très mal, je le sais. Je ne suis bonne à rien. Ni toi non plus, m’ami. Tu es aussi mal fait pour tuer ou estropier des hommes, à la guerre, que moi pour les