Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

même ; une souffrance mauvaise le poussait à châtier ses illusions dans le cœur du jeune frère, où il les retrouvait. Au premier retour, quand Pierre était accouru, brûlant de son âme emmurée, tout de suite il fut glacé par l’accueil de l’aîné, certes affectueux toujours, mais, avec, dans le ton, je ne sais quelle âpre ironie. Les questions qui se pressaient sur ses lèvres furent, à l’instant, refoulées. Philippe les voyait venir, et d’un mot, d’un regard, les fauchait. Après deux ou trois tentatives, Pierre, le cœur serré, se replia. Il ne reconnaissait plus son frère.

L’autre le reconnaissait trop. Il reconnaissait en lui ce que naguère il était et ce qu’il ne pouvait plus être. Il le lui faisait payer. Il en avait regret, après, mais il n’en montrait rien, et il recommençait. Tous deux