Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/30

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souffraient ; et, par un malentendu trop fréquent, leur souffrance si proche, qui aurait dû les unir, les éloignait. La seule différence entre eux était que l’aîné la savait proche, et que Pierre se croyait seul avec elle, sans nul à qui s’ouvrir.

Que ne se tournait-il donc vers ceux de son âge, ses compagnons d’école ? Il eût semblé que ces adolescents auraient dû se resserrer et s’être mutuellement un appui. Mais il n’en était rien. Une triste fatalité les tenait au contraire épars, disséminés en petits groupes, et, même à l’intérieur de ces groupes minuscules, distants et réservés. Les plus vulgaires avaient, les yeux fermés, plongé, tête la première, dans le courant guerrier. Le plus grand nombre s’en écartaient, et ils ne se sentaient aucune attache