Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/51

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langueur avide, obscurément heureux, malheureux, amoureux, imbibé de tendresse autant que de soleil, il souriait en marchant, avec les yeux distraits, et ses lèvres remuaient sans qu’il le sût, disant des mots sans suite, un chant. Il regardait le sable ; et, comme le frôlement du vol d’un pigeon qui passe, il eut l’impression qu’un sourire venait de passer. Il se retourna, et vit qu’il venait de la croiser. Et juste à ce moment, sans cesser de marcher, elle retournait la tête, souriante, pour l’observer. Alors, il n’hésita plus, il vint à elle, les mains presque tendues, d’un élan si juvénile et naïf que naïvement elle attendit. Il ne s’excusa point. Ils n’avaient aucune gêne. Il leur semblait poursuivre un entretien commencé.