Page:Rolland Handel.djvu/176

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les œuvres se succèdent par groupes de compositions analogues ou parentes, chaque œuvre appelle à sa suite une œuvre d’un sentiment et d’un style différents, presque opposés. Dans chacune, Hændel s’est soulagé momentanément d’une partie de ses passions ; et quand cela est fait, il se retrouve en présence de ses autres passions, qui se sont emmagasinées tandis qu’il dépensait les premières. Il se fait ainsi un balancement perpétuel, qui est comme la pulsation même de la vie. — Après le réaliste Saul, vient l'épopée impersonnelle d’Israël. Après ce colossal monument choral, paraissent deux petits tableaux de genre : l’Ode à sainte Cécile et l’Allegro e Penseroso. Après l'herculéen Samson, tragi-comédie héroïque et populaire, fleurit la charmante Semele, opéra romantique et galant.

Mais si variés que soient ces oratorios, ils ont un caractère commun : bien plus encore que les opéras, ils sont des drames musicaux. Ce n’est pas dans une pensée religieuse que Hændel a fait choix, pour une partie d’entre eux, de sujets bibliques, mais, ainsi que l'a bien vu M. Kretzschmar, parce que les histoires des héros bibliques étaient entrées dans le sang du peuple, à qui il voulait parler ; elles étaient connues de tous, au lieu que les fables antiques et romantiques ne pouvaient intéresser qu’une