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Page:Rollinat - L’Abîme, 1886.djvu/81

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Ouvert à tous les plans que le Destin ourdit,
Il présage l’effet dont il connaît la cause,
En laissant à l’esprit une attente morose
Et le doute inquiet sur l’accident prédit.

Comme un tourbillon noir dans les campagnes blêmes
Galvanise l’eau morte et fouille la forêt,
Ainsi l’inattendu de cet avis secret
Nous ébranle et nous scrute au plus creux de nous-mêmes.

Cette voix sans parole et ce toucher sans main
Qui résonne dans l’âme et cogne à la pensée ;
Cette annonce du sort si brusquement lancée ;
Ce frisson d’aujourd’hui qui signale demain,

C’est le Pressentiment ! Chez le plus insensible
Il jette son Prends garde ou son Réjouis-toi !
Écho vague et précis, reflet ardent et froid
Du bonheur arrivable ou du malheur possible.