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Page:Rosny - Le Termite, 1890.djvu/199

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bonne, il se crut perdu sans appel, il se sentit debout comme sur des ressorts, sur un terrain fluide, sur de la boue de marécage, il salua d’une manière ridicule, avec des balbutiements, et se trouva dehors, dans la nuit.


Quand il eut dépassé les tilleuls, il resta stupide et vertigineux. L’impression d’un avortement irréparable pesa sur sa poitrine. Il alla dans le vague, orienté d’instinct, dans le trou de la nuit ouvert jusqu’aux étoiles. Clapotant, heurté aux rebords du sentier, sa pensée s’équilibra très lente, Les hontes des pilotes égarés et des généraux vaincus trottinèrent par son crâne, épaisses, pesantes comme de la matière, écrasantes pour les poumons et l’épine dorsale, nourries de réminiscences détaillées, des mots, des gestes, des silences de cette heure où il eût dû vaincre. Très vainement entrecoupait-il d’un opiniâtre « demain » ses souffrances. Le retour d’un moment similaire semblait