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Page:Rosny - Le Termite, 1890.djvu/216

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failli vivre sur terre et perdre le souffle sans amour !

Fervent, il dit son vœu, les phrases entrecoupées. Elle s’abreuvait aux mots, si loin des tranchantes paroles de l’autre, si loin de l’âme caillouteuse de Chavailles.

Puis, ils demeurèrent dans l’étonnement du fatal et de la faiblesse des vouloirs devant le vieil édifice des sociétés, mesurèrent vaguement des forces dans le fond de leur crâne, l’assomption de leurs individus vers une lutte franche, vers un autre idéal que les tremblements et les voluptés hypocrites. Encore vague, irrésolu, Noël indiqua d’un mot la phase, le linéament d’une ombre de projet :

— S’enfuir !

Mille embuscades devant l’avenir, mille périls mystérieux, mille superstition antiques, mille liens en faisceaux enchaînant les cellules du cerveau, et ils se regardèrent incertains, fiévreux ; sauvages, comme des navigateurs contemplant une côte inhospi-