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Page:Rosny aîné – Daniel Valgraive, 1891.djvu/230

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fiévreux et faible. Sa main errait à la recherche de l’objet qu’il fallait toucher. Puis il vint une pause de calme, sa respiration se régularisa débile, mais sans l’horrible impression d’asphyxie et de semi-pâmoison. Une philosophie vaste comme la mort le pénétra. Il eut quelque chose de la satisfaction de l’homme qui part pour un très long voyage avec la certitude que son attirail est complet et rangé en bon ordre :

— Ah ! si je pouvais ainsi partir…, m’enfoncer mollement dans le non-être… Je ne murmurerais pas, ô vie !…

Il l’espéra. Il contempla avec calme la succession des souvenirs qui continuaient leur marche automatique. Il eut le sentiment bizarre de son « moi, » en forme d’amphithéâtre, un amphithéâtre en pas de vis. Une ombre d’abîme