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Page:Rosny aîné - Au château des loups rouges, 1929.djvu/40

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ment de son être, tellement l’instinct humain s’adaptait à la machine.

Tout en roulant, il songeait simultanément à Frameraye et à Denise. Son affection pour le premier remontait plus loin que tout souvenir. Elle se confondait avec ses jours. Le rude Frameraye, fort comme un buffle, avait une âme naïve, avec des coins inattendus de finesse et parfois de ruse.

Il n’y avait entre eux aucune trace d’amertume. Parce que le colosse était patient et Gérard sentimental, ils ignoraient ces altercations qui laissent un peu de venin dans les âmes.

Guillaume était plus complexe que son père et moins pacifique. Une curiosité insatiable l’avait, à vingt-sept ans, conduit à travers quatre continents. Il jaillissait toujours de lui quelque révélation surprenante et même énigmatique. Morneuse ne l’avait jamais bien compris, mais il l’aimait presque autant que le père.