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Page:Rostand - Un soir à Hernani, 1902.djvu/27

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Ils sont heureux. Ils ont des choses dans leurs poches.
Ils ouvrent tout le temps et ferment des sacoches
Dans lesquelles Dieu seul sait tout ce qu’ils ont mis.
On entend s’envoler parfois de tendres cris
Vers ce cabriolet qui fait un bruit de cage ;
Et le carrosse roule… « Eugène, soyez sage !
— Surtout surveille bien ton petit frère, Abel ! »
Et l’on voit s’empourprer le mont Jaitzquibel.



Ils font tous ce chemin que je viens de refaire.
Je les vois. Je peux dire : « Ils sont aux croix de pierre.
Ils longent le vieux mur de granit » (il y a
Maintenant sur ce mur un grand magnolia !).
Je peux dire : « Ils vont être au château d’Urtubie
Dont l’armure d’ardoise est sans cesse fourbie
Par quelque brusque averse au flot diluvien ;
Ils y sont ! ils le voient, comme un archer qui vient
De laver à grande eau les mailles de sa brugne,
Se sécher au soleil sur la route d’Urrugne.
Ils sont au pont ; ils sont… »



Ils sont au pont ; ils sont… » Je rêve les détails
Du voyage.