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Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/110

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MIRABEAU.

Était-ce un service payé qu’il rendait ainsi à l’État, et à des amis puissants engagés dans ces affaires ? Il s’en défend trop mal pour qu’il soit permis d’en douter. Était-il pour cela, comme l’en accusait son père, « taré de vénalité », et avait-il vendu sa conscience avec sa plume ? Je n’en crois rien. Sa conscience était d’accord avec son profit. Il soutenait, moyennant salaire, une cause qu’il croyait juste. Mais, même pour un homme politique, une mauvaise réputation est parfois un bagage incommode ; et c’est le malheur de Mirabeau qu’à chacun de ses actes, de ses écrits ou de ses discours, on soit obligé de se demander si ce gagiste éloquent ne sert pas à contre-cœur la cause qu’il plaide et le client qui l’emploie.

Parmi ses ouvrages financiers il y avait, en outre, des plagiats effrontés , ou plutôt des larcins véritables. Un de ces écrits apocryphes fut vendu deux fois sous deux noms différents : d’abord au ministre, sous le nom de Mirabeau ; ensuite à un libraire, sous le patronage posthume de Turgot. Ils ne l’avaient fait ni l’un ni l’autre. L’ouvrage était tout entier de Dupont de Nemours ! mais le hardi plagiaire ne sut pas prendre ses sûretés ; et les plaintes de l’auteur dépouillé n’ajoutèrent rien à sa gloire.

« Lancé » d’abord par M. de Calonne, bientôt après, l’aimable ministre l’immolait en souriant aux intérêts changeants de sa politique, supprimait, d’une main légère, les pamphlets qu’il lui avait lui-même commandés, et, pour défendre la Compagnie des