Aller au contenu

Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE I

Le 5 mai 1789, à Versailles, le Roi faisait l’ouverture solennelle des États généraux.

On sait ce que fut la rencontre des Trois Ordres : de ces trois États ainsi réunis et séparés, avec des origines distinctes, des traditions différentes, des intérêts contraires, et des prétentions égales.

On connaît, heure par heure, tous les épisodes de la lutte obstinée qui, pendant près de deux mois, les tint en présence, jusqu’au jour où, la volonté fixe du Tiers l’emportant sur les incertitudes du clergé, sur les résistances maladroites de la noblesse, sur l’irrésolution du Roi et sur les intrigues puériles de la cour, tout à coup, au milieu de cette « anarchie spontanée », l’Assemblée nationale se trouva constituée d’elle-même et se mit à l’œuvre.

À la surface et par les dehors, ce n’étaient guère que des querelles de préséance, des disputes de cérémonie, des entêtements de noblesse et des