Aller au contenu

Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
132
MIRABEAU.

effervescences de roture ; car, sur les points essentiels, sur les sacrifices féodaux, sur la caducité des droits des seigneurs et sur la déchéance de leurs privilèges, tout le monde, dès le premier jour, était d’accord. Mais en politique, les formes et les mots sont rarement de vaines apparences. C’est par là d’abord que la réalité prend le commun des hommes et les entraîne.

Au fond, il s’agissait de savoir si l’on aurait, de loin en loin, les États généraux d’autrefois, avec des pouvoirs bornés du côté du trône, avec trois ordres inégaux entre eux et assujettis l’un à l’autre ; ou bien une assemblée unique et permanente des députés du royaume, sujets indépendants d’une monarchie limitée, — égaux entre eux en droits et en puissance, possédant chacun une part de cette indivision souveraine et la représentant tout entière dans son inséparable unité ; — c’est-à-dire, du premier coup, des fondations de l’édifice jusqu’au sommet, le déclassement de toute l’ancienne société française.

Quel fut, à cette époque, le rôle de Mirabeau ? Eut-il, dans ces préliminaires décisifs, toute l’importance qu’il s’est donnée ; ou la légende a-t-elle grossi sans mesure ce que lui doit laisser l’histoire ? D’autres ont examiné cette question à loisir, avec une sagacité que j’admire. Je ne peux que parcourir, à leur suite, ce calendrier de deux années qui semble contenir tout un siècle ; marquer en passant les dates les plus fameuses ; et, sur quelques-uns des événe-