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Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/158

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MIRABEAU.

Jamais, devant les révoltes d’une assemblée tumultueuse, il ne devait montrer une plus ferme raison, un esprit politique plus sûr, une habileté plus consommée, une éloquence plus entraînante.

Pendant une journée tout entière , il fatigua la tribune de ses discours, de ses répliques, de ses adjurations pathétiques, de ses apostrophes enflammées.

« Votez donc ce subside extraordinaire, s’écrie-t-il en terminant, votez-le parce que, si vous avez des doutes sur les moyens, vous n’en avez pas sur sa nécessité et sur notre impuissance à le remplacer. Votez-le, parce que les circonstances publiques ne souffrent aucun retard et que nous serions comptables de tout délai. Gardez-vous de demander du temps ! Le malheur n’en accorde pas…. Eh ! messieurs, à propos d’une ridicule motion du Palais-Royal, d’une risible insurrection qui n’eut jamais d’importance que dans les imaginations faibles ou les desseins pervers de quelques hommes, vous avez entendu naguère ces mots forcenés : Catilina est aux portes de Rome et on délibère ! Et certes, il n’y avait autour de nous ni Catilina, ni périls, ni faction, ni Rome ;… mais aujourd’hui, la banqueroute, la hideuse banqueroute est là ! Elle menace de consumer vous, vos propriétés, votre honneur,… et vous délibérez ! »

Bien des gens, à propos de ce discours, Mme de Staël elle-même, ont accusé Mirabeau « d’astuce et de perfidie ». S’il a soutenu, sans souffrir qu’on