Aller au contenu

Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
151
MIRABEAU.

l’examinât , dit-elle, la demande de M. Necker, c’était pour laisser au ministre tout le risque d’une situation désespérée, et pour faire peser sur lui, quoi qu’il pût faire, tout le poids d’un désastre inévitable…. C’était mal connaître et mal entendre Mirabeau. Jamais cependant il n’a parlé plus clairement, avec plus de hardiesse et de franchise. Il a dit très haut qu’à tout prendre, si tout était désespéré, mieux valait encore compromettre le ministre en faisant voter un projet hasardeux, que l’Assemblée nationale en lui laissant repousser cet unique moyen de salut. C’était le langage d’un bon citoyen et d’un sage politique. Rien ne doit donc gâter cette belle œuvre qui reste, à bon droit, un monument de patriotisme et d’éloquence.

On vient d’entendre l’orateur. Si l’on veut connaître le politique ; si l’on veut considérer de près le moule puissant dans lequel sont venus se fondre, se souder ensemble, se condenser et se durcir en un bloc solide les matériaux épars qui forment les fondements de la « France contemporaine », c’est dans les travaux de l’Assemblée nationale qu’il faut suivre, jour par jour, Mirabeau ; dans l’enfantement laborieux de cette constitution tant attendue, sans cesse interrompue par de violentes secousses, reprise sans cesse avec une infatigable persévérance ; et qui, malgré ses défauts, ses malfaçons et ses lacunes, reste encore aujourd’hui la grande charte de la société nouvelle.

Chaque jour, à toute heure, Mirabeau est sur la