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Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/17

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CHAPITRE I

Une phrase et un geste ; — quand j’étais jeune, c’est tout ce que nous savions de Mirabeau : « Allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple, et que nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes…. »

Une belle phrase, qui sonne bien — et qui n’a peut-être jamais été dite ; — un geste superbe, que depuis cent ans de grands artistes ont, à l’envi, rendu populaire.

Ce bras étendu, cette main menaçante, cette grosse tête poudrée, ces grosses lèvres bouffies d’éloquence ; ce gros corps planté fièrement ; cette laideur tumultueuse et trapue enfoncée dans les plis corrects de l’habit à la française, relevée par l’extravagance pompeuse de la coiffure à la mode, et prenant dans ces atours solennels je ne sais quelle majesté emphatique, colossale et bizarre ; c’est ainsi que cette image était restée dans ma mémoire, comme le pen-