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Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/186

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MIRABEAU.

qu’un jour ces papiers seront connus, et que votre amitié vengera ma mémoire en les publiant. »

Quel était cet ami fidèle à qui Mirabeau confiait ainsi la garde de son honneur ? Que contenait ce dépôt qu’il remettait entre ses mains avec tant de solennité ? C’est là une histoire qui est restée pendant longtemps obscure, mais que sa volonté formelle, on le voit, a rendue publique aujourd’hui.

Le comte de Lamarck était un gentilhomme de grande race et de grand cœur ; — étranger d’origine, mais apparenté aux plus illustres familles de la noblesse française ; acclimaté dès sa jeunesse à la France, et qui avait pris une place distinguée dans ses armées ; un officier intelligent et brave qui avait bien servi, dans l’Inde, sous les ordres du comte de Bussy et du bailli de Suffren ; sujet dévoué du Roi, ami respectueux de la reine ; esprit clairvoyant et sûr, dont aucun préjugé ne faussait la justesse, dont aucune passion équivoque ne gênait la liberté.

Il est mort en 1833, laissant à M. de Bacourt, pour les publier, et sa correspondance avec Mirabeau et ces papiers précieux qu’au moment de mourir, celui-ci lui avait confiés. Comme on l’a vu, c’est sur ces documents, deux fois authentiques, que le grand orateur a voulu être jugé. Aux risques et périls de sa mémoire, il faut donc étudier de près les pièces de ce grave procès, ou du moins en résumer le sens et la portée.

Avant l’ouverture des États généraux, le hasard avait amené entre M. de Lamarck et Mirabeau des