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Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/189

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MIRABEAU.

la passion du bien public tenait autant de place que le souci de la grandeur et le besoin de la fortune.

Du côté de la cour, le cérémonial, l’étiquette et la routine rendaient la tentative plus difficile. À force de patience, le comte de Lamarck en vint à bout.

Il parvint à faire lire, d’abord au comte de Provence, puis à la Reine, enfin au Roi, les notes et les mémoires où, jour par jour, Mirabeau entassait, pêle-mêle, toutes ses idées et toutes ses craintes ; les plans qu’il formait pour modérer l’Assemblée, la dominer ou l’anéantir ; les projets hardis qu’il avait conçus pour sauver la monarchie déjà visiblement menacée, et dans lesquels la sûreté du Roi tenait toujours la première place.

Quant au profit personnel que Mirabeau comptait tirer de ces services, il n’est permis de conserver, à cet égard, aucun doute : dès la fin d’octobre 1789, il écrivait au comte de Lamarck les lignes suivantes : «Je suis étouffé d’embarras subalternes ;… hier, je vis tard la Fayette. Il fut net, pailla du traitement et de la place. Une portion du traitement sera remise demain. Si mille louis vous paraissent indiscrets, ne les demandez pas, mais telle serait mon urgente nécessité. Il ne me convient ni d’être avide, ni d’être dupe. »

Deux jours après, le comte de Lamarck commençait sa réponse par ces mots : « la Fayette vous remettra 50 000 francs ».

D’où venait alors cet argent ? Comment, à cette époque, le « traitement » fut-il réglé ? Qu’importe ?