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Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/190

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MIRABEAU.

Il suffit de dire que, presque à chaque page de cette correspondance infatigable, ces chiffres odieux reparaissent, sans que ceux qui les écrivent semblent en ressentir aucune gêne. Bientôt, d’ailleurs, on s’expliquera plus clairement.

Des entrevues secrètes, sans faire tomber tout à fait les préventions et les défiances des souverains, leur firent sentir de plus près l’importance du personnage, le prix qu’il fallait mettre à son alliance et ce qu’ils pouvaient attendre de son appui. On sait le reste.

Si l’on en veut connaître le détail, il faut lire les notes du comte de Lamarck, que, sur son ordre, des mains fidèles ont livrées, il y a déjà quarante ans, au jugement de l’histoire. La date du traité, le nom du négociateur, l’état des dettes acquittées, le chiffre des sommes promises, le règlement des échéances, les suppléments accordés chaque mois, rien n’y manque, sauf un point : j’entends le passif de ce crédit, la contre-valeur qu’en échange de ce qu’il devait toucher, le pensionnaire du Roi devait fournir. On s’en remettait sur ce jjoint à son intelligence, à sa bonne foi, aux inspirations que les événements, l’occasion et le hasard pourraient amener.

Mais la condition essentielle de cet accord, exigée par le Roi avec une insistance qui montre bien sa faiblesse, c’est qu’une affaire si grave serait cachée soigneusement à ses ministres, et qu’ils n’en pourraient jamais rien savoir. Le secret du roi…. C’était, on le voit, un héritage et une jurisprudence de famille.