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Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/24

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MIRABEAU.

Il était né à Pertuis, en Provence, le 4 octobre 1715. Un jour, il avait alors sept ans, son père l’interrompit brusquement tandis qu’il lisait un livre d’enfant, et, sans phrases, le fit partir pour Marseille où les jésuites l’attendaient. Il devait revenir rarement à Mirabeau.

À treize ans, il était au service ; à seize ans, il entrait à Paris, dans une de ces académies où les jeunes gens de bonne maison commençaient l’apprentissage de la guerre, du monde et de la cour ; on y faisait un peu de littérature, dans les intervalles du manège, de l’escrime et de la danse.

Le marquis de Mirabeau a écrit qu’à cette époque « il était farouche » ; il n’entendait parler, sans doute, ni de sa conscience ni de sa vertu. La façon dont il raconte la turbulence besogneuse de sa jeunesse nous en apprend assez sur l’austérité de ses mœurs et sur la délicatesse de ses goûts. « Quand mes souliers furent usés, je portai mes bottes…. Mes cheveux, de deux pieds plus longs que ma figure, flottaient autour de mon corps…. La croix de Malte avec cela et un vieux surtout, c’en était assez pour aller au parterre de la comédie, qu’un de mes amis me payait, tantôt l’un, tantôt l’autre !… » Ainsi accoutré, et fait comme un « brûleur de maisons », il était devenu la terreur des loges et du chauffoir.

Un soir, malgré la présence de la duchesse de Bourbon, il menait au théâtre un tel vacarme qu’il fallut, pour le mettre à la raison, faire entrer la maréchaussée dans le parterre.