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Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/57

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CHAPITRE I

« La vie privée de Montesquieu n’a point d’intérêt, a dit très justement M. Sorel. Elle n’éclaire en quoi que ce soit ses ouvrages. »

Voilà ce qu’on ne dira jamais de Mirabeau. Sa naissance, ses fautes, ses vices ; les scandales insolents qu’il traînait partout à sa suite ; les châtiments démesurés qu’il a subis ; les désordres sans nom d’une famille déchaînée contre elle-même ; toute sa vie, enfin, est le fond même et la substance de son œuvre. C’est dans ce sol tourmenté que cette vaste intelligence a jeté ses racines ; c’est dans ce limon qu’a été pétri son génie.

Gabriel-Honoré de Riqueti, comte de Mirabeau, est né le 9 mars 1749 dans ce château du Bignon où son père devait être exilé dix ans plus tard.

Son enfance a sa légende et ses prodiges, comme l’enfance mythologique des héros de la Fable. Il n’y manque que les serpents du berceau d’Hercule.