Aller au contenu

Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
MIRABEAU.

hygiène. En un an, il passe cinq mois à la prison de Berri-Cavalerie, à peu près comme son oncle le bailli dans la prison des gardes de l’étendard. Après quoi, il s’enfuit un beau soir, ayant perdu au jeu quatre-vingts louis sans les payer, et laissant derrière lui une fille séduite, avec une promesse de mariage en souffrance. « Tous les délires à la fois », écrit son père.

Malgré le patronage du duc de Nivernais, malgré l’entremise fraternelle de M. du Saillant, ces fautes ne devaient pas rester impunies. Le jeune officier les avait encore aggravées en portant contre son colonel d’insoutenables accusations. Un ordre du ministre de la guerre l’envoya à la citadelle de l’île de Ré. Il y trouva le gouverneur le plus débonnaire, le bailli d’Aulan, qui élargit singulièrement sa captivité, et qui bientôt ne demanda qu’à se débarrasser de son prisonnier. Grâce à lui, M. de Pierre-Buffières obtenait une sous-lieutenance dans la légion de Lorraine, qui allait combattre l’insurrection de la Corse.

S’il faut en croire le marquis, entre sa sortie de la citadelle de Ré et son embarquement à Toulon, son fils aurait trouvé moyen de commettre encore une foule de méfaits : « Il va sacrant, battant, blessant, vomissant une scélératesse que rien de semblable. Il a, en sus des autres bonnes qualités, celle d’emprunter à toutes les mains : sergents, soldats, tout lui est égal. »

En Corse, du moins, il servit bien et bravement ;