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Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/91

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MIRABEAU.

été de grands croyants, et « de très habiles gens qui ont été de bons chrétiens » ; si on lui objecte la foi désespérée de Pascal ou la raison enflammée de Bossuet, « il n’est pas sûr du tout de leur sincérité, ni qu’ils se soient persuadés eux-mêmes ». Tous ces grands disputeurs se sont laissé séduire par l’orgueil de controverse, et à force de « chercher des preuves d’un être fantastique, leurs yeux ont dû se fasciner et s’éblouir ».

À propos de ces momeries dont il fait ailleurs si bon marché, son indifférence superbe s’anime parfois et s’échauffe. Il appelle crûment la liturgie un jargon, la messe un « tissu de solécismes » ; et, quant aux moines, aux prêtres, même aux simples dévots, il se répand contre eux en invectives si violentes, qu’il serait malséant d’en citer aucune.

Bien moins encore faut-il parler d’un pamphlet ennuyeux, sans invention, sans esprit et sans goût, l’Erotika Biblion, abominable fatras de lourds blasphèmes, dont aucun mérite littéraire ne relève les plates obscénités. Il n’en fallait pas tant pour justifier ce que disait le marquis de Mirabeau sur « l’irréligion natale de ses enfants ».

Ce qu’il pense sur les origines et les fins de l’humanité ? rien ! Il est philosophe à la mode de son temps, à la façon de Diderot et de Voltaire. Certaines pages de ses lettres pourraient retourner à l’Encyclopédie ou au Dictionnaire philosophique, d’où son étonnante mémoire les a tirées. C’est un panthéisme confus où « la nature » tient toute la