Page:Rousseau - Œuvres et correspondance inédites éd. Streckeisen-Moultou.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La nation ne sera point illustre, mais elle sera heureuse. On ne parlera pas d’elle, elle aura peu de considération au dehors ; mais elle aura l’abondance, la paix et la liberté dans son sein.


Tout plaideur qui aura rejeté l’arbitrage des anciens, ou qui, l’ayant admis, refusera de s’en rapporter à leur jugement, s’il perd son procès en justice réglée, sera noté incapable pendant cinq ans d’exercer aucun emploi public.


Toute fille qui épousera un Corse, de quelle classe qu’il soit, sera dotée par la piève du marié : cette dot sera toujours un fonds de terre et suffira, s’il est aspirant, pour le faire monter à la classe des patriotes.


De tous les gouvernements, le démocratique est toujours le moins dispendieux, parce que le luxe public n’est que dans l’abondance des hommes, et que, où le public est le maître, la puissance n’a nul besoin de signe éclatant.


Car que deux ou plusieurs États soient soumis au même prince, cela n’a rien de contraire au droit et à la raison. Mais qu’un État soit sujet d’un autre État, cela parait incompatible avec la nature du corps politique.


Quoique je sache que la nation corse a des préjugés très contraires à mes principes, mon intention n’est point d’employer l’art de persuader pour les leur faire adopter.