Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/288

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les attentats qui se commettoient dans son sein, celle de Couvet, grâces au mérite particulier de ses membres & aux vertus de son, respectable Pasteur,, se conduisoit bien différemment. Vous savez, Mylord, que cette communauté qui dans toute occasion s’est si avantageusement distinguée, a fait à M. Rousseau l’honneur de l’élire unanimement pour un de ses membres ; démarche dont le Gouvernement lui, a su gré, & donc Mylord Maréchal l’a fait remercier par des Magistrats. Assemblée, de grand matin au premier bruit du danger qu’avoit couru M. Rousseau, elle lui fit sur le champ une députation de trois de ses Officiers, pour le prier de venir occuper au milieu d’eux un logement tout meublé qu’on lui tenoit prêt, & où ils sauroient bien le défendre contre quiconque oseroit attenter à sa sureté ; lui offrant en même tans les voitures pour transporter ses effets, & tous les soins nécessaires pour qu’il pût déloger au moment même. Je n’ai pas besoin de vous dire quel effet fit sur M. Rousseau cette offre si généreuse & si noblement faite, lui dont l’ame est si sensible à tous les procédés honnêtes, & qu’assurément on n’a pas gâté sur ce point.

Pénétré de cette offre, il ne l’a pourtant point encore acceptée. On craint que le voisinage des deux paroisses ne l’empêche de suivre à cet égard son penchant. En attendant vous serez charmé d’apprendre qu’il a pris enfin le parti de s’éloigner de Motiers. On peut rester, parmi des fanatiques en déplorant leur aveuglement, & parmi des foux en déplorant leur folie ; mais il n’est pas permis à un homme raisonnable qui fait quelque cas du repos de ses amis, de rester volontairement parmi des furieux toujours prêts à le massacrer.