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Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/414

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charge d’or et de billets. Songeant à éviter une dénonciation, les misérables avaient attendu l’étape la plus lointaine, afin d’enlever toute chance de retour aux deux abandonnés privés de vivres.

Louise ne voulut pas tenter l’impossible en cherchant à regagner Porto-Novo ; elle marcha au contraire vers le sud, dans l’espoir d’atteindre quelque village indigène d’où elle pourrait se faire rapatrier moyennant la promesse d’une rançon. Elle fit une ample provision de fruits et sortit bientôt de la Vorrh, ayant traversé l’immense forêt tout entière sans rencontrer aucune trace de Velbar ni de Sirdah, que l’incendie devait avant peu chasser de leur retraite.

Après quelques heures de marche, Louise fut arrêtée par le Tez, dont le cours, à une certaine distance d’Éjur, remontait sensiblement vers le nord. À ce moment un tronc d’arbre descendait le cours d’eau à la dérive. Sur un signe de sa sœur, Norbert agrippa la longue épave, et, poussés par une forte branche formant godille, les deux exilés purent passer le fleuve, installés tant bien que mal sur l’écorce humide. La jeune fille avait saisi avec joie cette occasion de mettre une barrière entre elle et ses guides, qui, pouvant regretter d’avoir épargné leurs victimes, étaient encore capables de quelque retour offensif.

À partir de ce point, le frère et la sœur suivirent invariablement la rive gauche du Tez et