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Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/415

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tombèrent ainsi au pouvoir d’Yaour, que la beauté de Louise troubla profondément.

Au cours de ses études, la jeune fille s’était trouvée mêlée à un monde d’étudiants et d’étudiantes dont les doctrines très avancées avaient déteint sur elle ; volontiers elle affichait le mépris de certaines conventions sociales et allait parfois jusqu’à prôner l’union libre. Yaour, jeune et de visage impressionnant, exerça un attrait puissant sur son imagination éprise d’imprévu. Or, selon ses idées, deux êtres attirés l’un vers l’autre par un élan réciproque ne devaient subir l’entrave d’aucun préjugé. Heureuse et fière du côté romanesque de l’aventure, elle se donna sans réserve au roi étrange dont la passion s’était allumée dès le premier regard.

Tout projet de rapatriement fut ajourné par ce dénoûment inattendu.

Lors de leur fuite traîtresse au sein de la Vorrh, les guides avaient laissé certain sac dont le contenu, inutile pour eux mais infiniment précieux pour Louise, se composait d’une foule d’objets et d’ingrédients se rapportant à la grande découverte photographique jusqu’alors inachevée.

La jeune femme reprit ses travaux avec ardeur, ne doutant pas de la réussite maintenant qu’elle possédait l’introuvable essence fournie par les plantes rouges de la forêt vierge.