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Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/107

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Prenant modèle sur les héros de l’Histoire,
Possédant une ardeur, une audace sans frein ;
Il chante sa partie avec un mâle entrain
En ne se ménageant aucunement ; sa bouche
S’ouvre si grande et si bas que son menton touche
Sa cravate serrée et plate avec des pois ;
Il se croit sûr de la justesse de sa voix.
À sa gauche une femme est sans force, se laisse
Dominer par le rire et met de la mollesse
Dans son pas régulier au lieu de le scander
Comme l’intention semble le demander ;
Elle juge le groupe incomparable et drôle ;
Elle tient son ombrelle, en fusil, sur l’épaule,
Les plis serrés dans sa main et le manche clair
Se dressant en façon de baïonnette, en l’air ;
La femme avec un grand laisser-aller se pâme,
Rit autant qu’on peut rire et de toute son âme
Ne tentant même pas les plus légers essais
Pour interrompre ou pour arrêter son accès ;
Elle trouve que la farce est supérieure ;