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Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/108

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Elle en a, montre en main, au bas mot pour une heure
Avant de se calmer enfin et d’assouvir
Ses éclats ; il n’en faut guère pour la ravir,
Le moindre amusement donne essor à sa joie ;
En ce moment elle est précisément en proie
Sans s’en défendre à l’un de ces longs rires fous
Qui rendent jambes et bras incapables, mous.
Derrière elle s’avance un autre patriote
Qui chante en donnant trop d’importance à sa note ;
Il n’est pas sans avoir quelque prétention ;
Il apporte de l’art et de l’intention
Dans la bonne façon de s’y prendre et d’émettre
Les sons vibrants et purs ; il pense s’y connaître ;
Il tient sa canne très droite devant son nez
Dans le geste éloquent, raide, de « Présentez…
Arme ! » ; sa mine sainte, extatique, inspirée,
N’est pas son œuvre ; elle est fidèlement tirée
Du personnage armé de quelque vieux tableau
Symbolisant un acte inoubliable et beau ;
Au mot « France » son cœur bat plus fort et palpite.