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Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/23

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Et sa bouche s’avance en faisant une moue
Qui, surtout du côté droit, lui plisse la joue ;
Elle veut une plus grande réunion
D’arguments pour se bien faire une opinion ;
Il faut que l’évidence apparaisse et lui crève
Les yeux ; dans sa prudence excessive elle lève
Les deux bras au-dessus même de ses genoux ;
Sa main gauche, tranchant au loin sur les remous,
Se profile sur un canot qu’elle dérobe
Aux trois quarts, ne laissant voir que l’avant ; la robe
De la dame est dans un drap foncé tout uni
Et d’un modèle très simple, mal défini ;
C’est une forme sans apparat, qui se porte
En toute occasion ; la dame est assez forte ;
Elle s’habille sans contrainte, avec ampleur,
Gardant tout mouvement libre ; elle n’a pas peur
Du soleil ; son ombrelle est bien pliée et mince,
Un élastique, vers le milieu, prend et pince
L’ensemble régulier et parfait de ses plis
Qui sont étincelants, lumineux et pâlis