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Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/22

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Car elle ne s’amuse en rien et se détire,
Ne trouvant pas un seul mot curieux à dire
Sur un sujet qui lui demeure indifférent ;
Elle laisse flotter son esprit, préférant
Ne pas donner d’avis et s’en tenir au rôle
D’écouteuse, acceptant d’avance sans contrôle
Ce que peut raconter de mauvais ou de bon
Le grand mince, qui, lui, possède fort le don
Des discours. On voit un oiseau d’étrange espèce
Au chapeau de la femme ; une voilette épaisse
S’applique et reste sur sa figure, assez près
Pour qu’on devine la finesse de ses traits.
Installée à côté d’elle, une femme âgée
Ne se prononce pas, car elle est partagée
Entre le doute pur et l’acquiescement ;
Elle entend réserver son secret sentiment
En attendant que la preuve éclate et se fasse ;
Une indécision persiste sur sa face ;
Pour ne pas se risquer elle lance un regard
Inutile, sans but, dans le vague, à l’écart,