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Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/117

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Arborant un maillot couleur chair et laissant tomber naturellement, comme l’exigeait son personnage, tous ses immenses et magnifiques cheveux blonds, Faustine monta sur une luxueuse et délicate échelle double en métal nickelé, installée près du grand diamant, puis pénétra dans l’onde photogène.

Malgré les encouragements de Canterel, qui en s’immergeant lui-même avait souvent expérimenté la facile respiration sous marine que procurait l’oxygénation particulière de son eau, Faustine n’enfonça qu’avec précaution, s’agrippant des deux mains au bord surplombant de la cuve et ressortant plusieurs fois la tête avant de plonger définitivement. Enfin, divers essais, toujours plus prolongés, l’ayant pleinement rassurée, elle se laissa choir et prit pied sur le fond du récipient.

Ses cheveux touffus ondulaient doucement avec une tendance à monter, pendant qu’elle esquissait maintes poses plastiques, embellies et facilitées par l’extrême légèreté que lui donnait la pression liquide.

Peu à peu une riante griserie s’empara d’elle, due à une trop grande absorption d’oxygène. Puis, à la longue, une résonance vague s’exhala