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Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/134

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En 331, lors de son passage victorieux en Babylonie, Alexandre avait beaucoup admiré un immense et magnifique oiseau de plumage vert appartenant au satrape Séodyr, qui le gardait toujours auprès de lui dans sa chambre, la patte emprisonnée par un long fil doré fixé au mur. Le roi s’appropria le merveilleux volateur et lui conserva son nom d’Asnorius, qu’il connaissait fort bien. Guzil, jeune esclave encore adolescent, fut spécialement affecté au service de l’oiseau, qu’il dut nourrir et soigner avec sollicitude.

Peu après, pendant le séjour de l’armée conquérante à Suse, l’animal fut installé dans l’appartement d’Alexandre, qui appréciait fort l’effet décoratif de son splendide plumage ; l’extrémité du fil d’or fut assujettie à la muraille non loin de la couche royale, et Asnorius, errant tout le jour à travers la pièce dans les limites que lui assignaient les dimensions de son entrave, dormait la nuit sur un perchoir à quelques pas de son maître.

Cependant l’oiseau, apathique et froid, ne témoignait aucune affection au roi, qui ne le conservait que pour sa resplendissante beauté.

Il y avait à ce moment, parmi les chefs perses