Aller au contenu

Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’Alexandre avait admis dans son entourage, un certain Brucès, qui haïssait profondément son nouveau maître tout en lui donnant d’hypocrites marques d’attachement.

Entraîné par son patriotisme, Brucès songeait à soudoyer un des serviteurs d’Alexandre dans le but d’arrêter, par un assassinat auquel il ne prendrait qu’une part indirecte, la marche triomphante de l’envahisseur.

Il jeta son dévolu sur Guzil, qui, vu le poste qu’il occupait auprès d’Asnorius, pénétrait librement à toute heure dans la chambre royale, et promit au jeune esclave de l’enrichir pour jamais s’il faisait périr l’oppresseur de l’Asie.

Ayant accepté le marché, Guzil chercha un moyen de gagner sa prime sans se compromettre.

L’adolescent avait remarqué, depuis de nombreux jours qu’il s’en occupait sans cesse, qu’Asnorius, très docile, semblait remarquablement doué pour toute espèce de dressage. Il imagina un plan d’éducation qui devait amener l’oiseau à tuer Alexandre, dont le trépas n’incomberait ainsi à personne.

Chaque fois qu’il fut seul dans la chambre souveraine, Guzil se coucha sur le lit du roi et