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Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/143

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fallait, en s’inclinant malgré tout devant des dires autorisés, admettre que Missir avait voulu se distinguer par l’emploi d’un instrument unique dans son genre.

Envoyant ses guides l’attendre à distance, Gilbert était resté seul, pour méditer sur les lieux sanctifiés par l’ombre vénérée de son maître lointain. Dans les ruines qui l’entouraient il cherchait à retrouver l’ancienne cité populeuse et splendide, en songeant avec émotion qu’il foulait sans doute l’empreinte des pas de Missir.

Le soir tombait, et Gilbert, oubliant l’heure, prolongeait sa rêverie, maintenant assis, immobile, au milieu des vieilles pierres éparses qui jadis faisaient partie des édifices.

Ce fut seulement à la nuit close qu’il songea enfin à quitter l’endroit captivant. Comme il se levait, une lumière peu éloignée brilla devant ses yeux, mince rais mouvant qui, prenant sa source dans quelque profonde cave, s’immisçait verticalement par un interstice.

Gilbert s’en approcha et fit plusieurs pas sur le vieux dallage d’un palais détruit. C’était par l’écart de deux dalles un peu disjointes que passait la clarté mobile.