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Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/144

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Le poète, plongeant ses regards dans la fente éclairée, vit une vaste salle où deux inconnus, dont l’un tenait une lampe allumée, erraient parmi de curieux amas d’objets, d’étoffes et de parures.

Écoutant les deux compagnons, hommes du pays l’un et l’autre, Gilbert démêla tout un complot dans leur conversation. Le plus jeune des interlocuteurs avait découvert, au sein d’appartements souterrains jusqu’alors insoupçonnés, toutes sortes d’antiquités, qui se trouvaient maintenant réunies grâce à lui dans la présente salle, rendue très sûre par son entrée spécialement difficultueuse. Le plus âgé, marin de son état, comptait venir chaque année prendre une partie de ces richesses, qu’il transporterait nuitamment en chariot jusqu’à la mer ; là, il les embarquerait sur son navire — puis irait au loin les vendre à prix d’or ; les deux compères partageraient le bénéfice, en tenant la besogne secrète pour éviter les justes revendications de leurs compatriotes, qui possédaient les mêmes droits qu’eux sur ce trésor commun.

Tout en parcourant la galerie, les deux hommes choisissaient différentes pièces qu’ils