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Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/183

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parat posés côte à côte, dont les dossiers nous présentaient leur envers. L’homme, sans chapeau, était simplement vêtu d’un frac, alors qu’à sa gauche, la tête enveloppée d’un châle noir, la femme, en grand deuil, portait frileusement un lourd manteau bien qu’ayant, comme lui, les mains nues.

Mettant les deux vieilles gens face à face, le prêtre unit leurs mains droites, qu’il plaça bien agrippées entre les mâchoires écartées de l’étau, puis commença de tourner doucement l’écrou, ostensiblement orienté vers nous.

Mais l’homme, en souriant, intervint au moyen de sa main gauche et força le prêtre de lui abandonner les oreilles métalliques, qu’il tourna gaîment lui-même à plusieurs reprises avec une espiègle vigueur intentionnée, tandis que la femme sanglotait en s’attendrissant.

Les mâchoires devaient être faites en quelque souple imitation de fer, car elles cédaient sans infliger aucune torture aux deux dextres entrelacées.

Redevenu libre, l’écrou fut longuement détourné par le prêtre, qui bientôt, emportant l’étau, remonta les marches de l’autel pour se