Aller au contenu

Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pûmes dès lors examiner sans obstacle un cylindre noir, lourd d’apparence, qui, debout sur le plancher, était surmonté d’une grosse ampoule sphérique en verre, d’où émanait une clarté bleue, visible malgré le plein jour.

L’ampoule, en s’éteignant accidentellement pendant une fraction de seconde, montra que son verre n’avait aucune couleur et que la lumière était bleue par elle-même.

Les trois centres respectifs de l’ampoule, de la lentille et de la geôle se trouvaient horizontalement en ligne droite.

Portant lourde pelisse et douillette coiffure, le célèbre docteur Sirhugues, dont les traits populaires s’identifiaient d’eux-mêmes, manœuvrait sur la plate-forme du cylindre noir divers boutons cliquetants, disposés derrière l’ampoule eu égard à la lentille, à laquelle lui-même faisait face. Sans cesse il regardait un miroir rond à orientation spéciale et inchangeable, établi un peu en avant de lui, à sa droite, au sommet d’une verticale tige de métal fixée au plancher.

Ramenés par une progression de deux pas jusqu’à la paroi de verre, nous vîmes le malade donner les signes d’une extrême surexcitation,