Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/269

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aux élèves d’étudier de près, en la palpant, l’attrayante substance molle, — douée d’une rare malléabilité, dont Jerjeck, quand vint son tour, fut subitement frappé.

Heureux de constater que la pridiana vidua avait fort captivé son jeune auditoire, Brothelande promit de donner l’exotique fleur, facile à cultiver longtemps dans son pot, au vainqueur de la plus prochaine composition.

Pensant aux pas de géant qu’un bloc de cire nocturne lui permettrait de faire dans son art, Jerjeck n’eut plus qu’un but : gagner la fleur. À force de travailler sans relâche son cours de botanique, en négligeant au risque de maintes punitions tous autres devoirs ou leçons, il conquit la première place dans l’épreuve désignée — et reçut des mains de Brothelande la pridiana vidua.

Exact dispensateur de soins et d’eau, Jerjeck s’appliqua, jusqu’à la mort de la fleur, à recueillir par intervalles dans la corolle, où elle renaissait toujours, la cire fuligineuse, dont il eut finalement une masse importante, prompte à combler ses vœux, dès le premier essai, par son obéissante souplesse.