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Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/277

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traversa le quartier en cause d’une ligne strictement droite, qui, dépassant de ses deux bouts, afin de mieux attirer l’attention, l’enceinte, régulièrement courbe à cet endroit, avait l’aspect d’une sécante.

Ordre fut donné de percer une spacieuse avenue suivant l’exacte indication fournie par la portion intra-muros de la ligne, pour assainir le triste coin où, faute d’air et de clarté, sévissaient de nombreuses maladies.

Le lendemain, Charles III fit exposer au centre du quartier intéressé le plan à la marque prometteuse, pour que les habitants pussent d’avance se réjouir.

On indemnisa ceux que lésaient les démolitions, et l’œuvre s’accomplit.

Vers le premier tiers des travaux, un pauvre ouvrier graveur nommé Yvikel, habitant une ruelle obscure et infecte entre toutes, avait vu soudain la brise et le soleil entrer à flots dans sa maison, dont la façade, par chance, était sur l’alignement de la nouvelle avenue.

Or Yvikel, veuf, n’avait au monde que sa fille unique Blandine, adolescente de fragile nature, qui, depuis un an, pâle et secouée par la toux,