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Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/283

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Josolyne offrit l’original même à Nourrit, en lui exposant ses projets, certain de le voir flatté par une telle glorification de sa voix.

Mais le ténor, connu d’ailleurs pour son esprit lunatique et violent, vit seulement le côté burlesque de l’œuvre, qu’il déchira nerveusement, révolté d’être ainsi tourné en ridicule. Il s’opposa formellement, en outre, à la sortie des mille reproductions.

Josolyne, nature indulgente, prit en philosophe son parti de la chose et régla le graveur, en le priant de garder chez lui l’édition malchanceuse, pour le cas où il serait un jour possible de la mettre en circulation.

Peu après, Josolyne disparut subitement un soir, sans donner prise à aucune recherche.

Au bout de trente-cinq ans, il fut légalement considéré comme mort et on exécuta ses volontés testamentaires.

Alors octogénaire, le bisaïeul de Louis-Jean Soum apprit officiellement que la fatale édition jadis invendue lui était léguée sans réserve — mais, par délicatesse, décréta péremptoirement que ni lui ni ses successeurs, tant que manquerait la preuve certaine du trépas de l’illustre caricatu-