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Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/316

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rent l’aspect terrifiant et les traits décomposés de l’insomniaque.

« Père, qu’avez-vous ?… » dit-elle. « D’où vient votre pâleur ?

— Ce que j’ai ? » bégaya le malheureux.

Et, par mots entrecoupés, il lui dépeignit son irréfrénable amour.

« Tu seras ma femme, Andrée », dit-il, joignant les mains, « sinon… oh !… je mourrai, moi… moi… ton bienfaiteur. »

Anéantie, la pauvre enfant se croyait la proie d’un cauchemar.

« J’aime François-Charles », murmura-t-elle ; « je ne veux être qu’à lui… »

Ces paroles, rencontrant la sensibilité à vif de François-Jules, furent pareilles au fer rouge appliqué sur la plaie.

« Oh ! non… non… pas à lui… à moi… à moi… » s’écria-t-il, le geste et le regard suppliants.

Elle répéta, d’une voix plus ferme :

« J’aime François-Charles ; je ne veux être qu’à lui. »

Cette phrase maudite sonnant de nouveau à ses oreilles acheva d’égarer François-Jules,